TORTURE D'UN RETRAITé (88)
L'EPOUSE SADIQUE DE NOMPATELIZE
Un retraité de 70 ans lourdement handicapé a été retrouvé chez lui couvert de sang, l'oreille arrachée et le nez cassé, des actes de tortures pour lesquels sa femme de 65 ans a été mise en examen et écrouée en début de semaine dans les Vosges. Le septuagénaire, hémiplégique après trois accidents vasculaires cérébraux, a été retrouvé nu, en hypothermie et présentant de nombreuses blessures sur tout le corps à son domicile conjugal de Nompatelize (Vosges), lors d'une intervention des pompiers qui avaient été prévenus par le frère de son épouse. "Il était très maigre et gisait dans son sang, qui recouvrait tous les murs". Le retraité, décrit par le maire de la commune comme "très gentil, très estimé, qui a rendu beaucoup de services", avait déjà été hospitalisé en mai et en juillet dernier pour des blessures. Un signalement avait alors été fait aux services sociaux par le premier magistrat, Didier Barret, "resté sans réponse", a-t-il indiqué à l'AFP. Toujours hospitalisé dans un état sérieux, le septuagénaire présente "tellement de blessures que ça ne peut pas être un coup de colère", a précisé le procureur de la République, selon qui il s'agit de "violences habituelles". Selon le magistrat, "après les AVC, l'époux était devenu grabataire, incontinent: il était alors devenu à beaucoup d'égards gênant pour son épouse, il devenait pour elle un poids mort". La suspecte, une ouvrière à la retraite qui travaillait auparavant dans une papeterie, nie les actes de torture et de barbarie mais reconnaît "avoir pu donner des coups, quelques dérapages, sous l'effet des nerfs qui ont lâché", a affirmé son avocate, Me Christelle Brender. "Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle explique que son mari est souvent tombé, du fait de son état de santé, ce qui explique les blessures", a-t-elle poursuivi. Jugée "acariâtre" par le maire, la mise en examen est décrite comme "méchante", "pas aimée dans le village", par le voisinage. "Tout le monde la connaissait parce qu'elle goudronnait et jetait de l'huile de vidange sur la barrière de sa propriété pour ne pas que les enfants de l'école ne s'assoient dessus", raconte un voisin. Le maire de ce petit village de 600 habitant de la vallée vosgienne a indiqué qu'il allait "demander une enquête administrative auprès de la direction régionale des affaires sociales et des ministères compétents". L'avocat de la famille, Me Nicolas Pasina, a également émis "de grosses interrogations sur les services sociaux". "C'est tout de même étonnant que l'on n'ait rien fait", a-t-il déploré, en précisant que la famille était "choquée de ce qui arrive". Lourdement handicapé, la victime ne peut pas parler et n'a pu faire sa déposition qu'à l'aide de petits papiers, "oui" et "non", pour répondre aux questions des enquêteurs à l'issue de son hospitalisation en soins intensifs. Les trois enfants du couple, deux jumelles de 45 ans et un fils de 33 ans, en rupture avec leur mère depuis leur majorité, devraient se constituer partie civile dans les prochains jours, a par ailleurs indiqué Me Nicolas Pasina. L'épouse a été mise en examen pour "actes de torture et de barbarie commis de manière habituelle sur personne vulnérable", un crime passible de trente ans de réclusion criminelle. Son avocate a indiqué qu'elle avait interjeté appel de la décision de placement en détention provisoire, demande qui sera examinée par la chambre de l'instruction de Nancy le 2 septembre prochain.